Babillard linguistique : tel que / comme
Par Julie Tondreau
Nous voyons très souvent des lettres ou des courriels qui commencent par « Tel que ». Par exemple :
- Tel que mentionné lors de notre dernière conversation téléphonique…
- Tel que convenu…
- Tel que discuté…
- Tel que suggéré…
À la rubrique Tel que de l’Office québécois de la langue française, il est indiqué qu’il s’agit d’un emploi déconseillé, puisque cette tournure de phrase se rapporte à l’ensemble de la phrase :
Dans la tournure ainsi déconseillée, l’élément introduit par tel que est très souvent un participe passé employé seul. Cette tournure elliptique ne correspond pas à celles présentées ci-dessus. En effet, le participe passé ne s’y rapporte pas à un élément de la phrase principale (sujet ou complément verbal), mais bien à l’ensemble de celle-ci.
De manière générale, lorsque l’idée de comparaison introduite par tel que porte sur l’ensemble de la phrase principale, c’est la conjonction comme qui convient, et non tel que. Diverses formulations sont également possibles selon le contexte.
Aussi, dans le Guide fédéral de jurilinguistique législative, à la rubrique « Tel que » suivi d’un participe passé, il est indiqué que cette tournure est asyntaxique :
Dénoncée depuis longtemps par plusieurs auteurs au Canada, la construction « tel que » + participe avait semblé un moment faire son chemin dans l’usage (voir notamment F. LEROUX in L’actualité terminologique, vol. 17, n° 1, p. 10; (GÉMAR). Pourtant, la dernière édition du HANSE est formelle :
Mais ce qu’il faut très nettement proscrire, c’est l’emploi de tel que dans le sens de comme. Par exemple : Une nouvelle réunion se tiendra l’automne prochain [tel que prévu].
C’est sans aucun doute sous l’influence de l’anglais que ce tour est devenu « familier aux Canadiens ». Il n’en reste pas moins condamnable, et la raison est bien simple : « tel » est un adjectif qui doit obligatoirement se rapporter à un substantif ou à un pronom identifiable, sujet du participe. Voilà pourquoi la formule est tout à fait asyntaxique, l’adjectif « tel » ne se rapportant à aucun substantif.
Donc, pour les exemples plus haut, on devrait plutôt écrire :
- Comme mentionné lors de notre dernière conversation téléphonique…
- Comme convenu…
- Comme discuté…
- Comme suggéré…